Crise anglophone au Cameroun
Sous-titre : Quand l’exacerbation identitaire proclame la défaite de la pensée
Auteur : Herrick Mouafo Djontu
Type : Article Irénées
L’importance du terrain, primordiale pour construire une analyse dépourvue d’une pensée importée à prétention universaliste.
Voilà plus d’un an que le Cameroun fait face à ce qu’on nomme « crise anglophone ». Si elle est partie des revendications corporatistes, notamment des enseignants et des avocats, cette crise aujourd’hui ouvre véritablement le débat sur la forme de l’État. Trois tendances semblent se dessiner : les partisans du statu quo (État unitaire fortement centralisé), les partisans du retour à un système fédéral et enfin ceux portés par la mise en place effective des politiques de décentralisation. La crise anglophone offre ainsi, d’une part, l’occasion pour le Cameroun de réinterroger ses fondements : en revisitant son histoire et en questionnant ses héritages coloniaux. Il s’agit de se réinventer à partir de sa capacité à ne pas faire l’économie de la pensée critique. D’autre part, elle ouvre une fenêtre d’opportunité pour concevoir une pensée ouverte sur le monde en l’inscrivant dans une perspective qui sait faire preuve d’imagination. Une imagination qui s’attaquera à cette lèpre ethnique ou tribale dont la cible première est notre structure mentale. Depuis plus d’un an donc, la crise anglophone a favorisé l’éveil de nombreuses formes d’exacerbation identitaire ; nous rappelant ainsi ces marches de la fin d’année 1990 où les acteurs politiques du système gouvernant mobilisaient leur clientèle politique tribale pour s’opposer à un retour au multipartisme.
Date : 2017