Du récit inaudible à la prise de parole
Sous-titre : Expérience d’un atelier radio avec des personnes à la recherche d’un refuge en France
Type : Article dans les cahiers du MIMMOC
Numéro : La recherche interculturelle appliquée aux récits impossibles en contexte migratoire
Quand elles font une demande d’asile, les personnes venues chercher refuge en France se trouvent sous le coup de contraintes et d’une emprise de la procédure qui pèse notamment sur leur capacité à prendre la parole. Ces personnes sont assignées à diverses positions et figures, notamment celles de victimes, d’assistées indésirées et de subalternes : peuvent-elles être quelqu’un d’autre qu’un ou une demandeur.se d’asile ? Le récit de l’asile neutralise-t-il tous les autres récits possibles de soi ?
En mettant en place un atelier radio dans un cours de français à destination de personnes en demande d’asile, Modus Operandi propose à la fois une action pour travailler une prise de parole collective et une configuration de recherche pour analyser ensemble les relations de domination. Le cadre théorique qui guide nos analyses, autant que les relations que nous construisons et la méthodologie dans l’atelier, s’inspire des approches de la colonialité du savoir et du pouvoir et des Subaltern studies. Cet article décrit, d’une part, en quoi le récit des personnes qui demandent l’asile est inaudible et/ou indicible dans les conditions données, et, d’autre part, comment l’atelier radio crée/organise un espace pour permettre la prise de parole émancipée des processus d’assignation. La prise de parole est donc conçue comme un acte qui donne l’occasion d’être reconnu comme un sujet politique.
Date et numéro : n°22 – 2 septembre 2020