La notion de Zones d’Éducation Prioritaires (ZEP) au Cameroun
Sous-titre : Entre impensé, bricolage et informalité
Type : Article Irénées
Malgré une volonté affichée de l’État d’y remédier, de nombreuses inégalités persistent en matière d’accès à l’éducation au Cameroun. Force est de constater que l’apparition de la notion de ZEP dans le lexique institutionnel camerounais n’a pas été accompagnée de réformes concrètes dans ce domaine.
Dans le cadre de ce papier, nous avons choisi de limiter notre intérêt à la dimension lexicale de l’action de l’État dans le champ de l’éducation au Cameroun. En nous intéressant notamment à l’un des mots par lequel, il proclame sa volonté de résorber les inégalités scolaires. Ce mot se formule et se résume en une notion : celle de Zone d’Education Prioritaire. Nous avons voulu comprendre ce qui peut justifier la référence à cette notion dans les politiques publiques au Cameroun en partant d’un certain nombre d’interrogations : quand et comment cette notion est-elle apparue dans le discours et la littérature institutionnelle au Cameroun ? Quel sens lui confère-t-on dans le contexte camerounais ? De quel changement serait-elle annonciatrice ? Quelles idées, stratégies et quels enjeux, intérêts et objectifs pourrait dissimuler l’usage institutionnel de cette notion ? Et quels usages en fait-on justement ou comment s’en est-on approprié à travers les différents espaces de production de l’action publique dans le secteur de l’éducation au Cameroun ? Guidé par ces interrogations et inspiré par notre connaissance empirique de l’action publique en contexte camerounais, nous avons abordé notre terrain en étant préoccupé de tester l’hypothèse suivante : la notion de Zone d’Éducation Prioritaire demeure un impensé dans les politiques sectorielles de l’éducation au Cameroun et participe davantage – faute de vision cohérente, concertée et concrète – d’une gouvernance où les logiques d’affichage et de routine prennent le dessus sur celles d’une transformation concrète de la réalité.
Date : 2013