Les subalternes de l’asile : Pourquoi certains récits sont inaudibles
Type : Article dans E-migrinter
Numéro : 22 Varia
Autrice : Karine Gatelier
Date : 2021
A partir de l’expérience d’accompagnement de personnes en demande d’asile, particulièrement de la préparation à l’entretien à l’OFPRA, cet article cherche à comprendre pourquoi certains récits restent inaudibles. En plus des constats déjà établis que le récit de l’asile est contraint et empêché par de nombreux obstacles, je montre qu’un corpus de savoir est constitué en amont de la formation du récit de l’asile et parle avant et à sa place. Celui-ci représente une violence épistémique qui dépossède certaines personnes en demande d’asile de leur parole et en fait des subalternes ne pouvant être entendus. L’existence d’une violence épistémique doit questionner nos pratiques de recherche : en effet, la formation d’un savoir hégémonique met les chercheur·es en position de surplomb qui en plus de reproduire les rapports de domination dans les enquêtes conduites, et donc l’ordre établi, pose des biais dans la perception des réalités sociales.